Pondělí, 6. října 2025

L’histoire de la naissance des pompiers tchèques : l’héroïsme qui renaît de ses cendres et le patriotisme

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Praha – Aujourd’hui, lorsqu’une sirène retentit, nous la considérons comme une partie naturelle du système de secours. Des pompiers professionnels et volontaires, équipés de technologies modernes, sont prêts à intervenir en quelques minutes en cas d’incendie, d’accident ou d’autre catastrophe. Cependant, ce système sophistiqué n’est pas le fruit d’un décret d’État, mais l’aboutissement d’une histoire de plus de 150 ans, née de la nécessité, de la solidarité de voisinage et d’un fort sentiment national au 19e siècle. L’histoire des pompiers tchèques est celle de l’un des mouvements civiques les plus vastes et les plus réussis de notre histoire.


 

L’époque d’avant les corps de sapeurs-pompiers : quand le „coq rouge“ régnait

 

Avant le milieu du 19e siècle, la lutte contre les incendies dans les pays tchèques était chaotique et désespérément inefficace. Les villes et les villages étaient principalement construits en bois et en paille, ce qui en faisait des proies idéales pour les flammes. Lorsqu’un incendie éclatait, son extinction relevait davantage du hasard et du dévouement des voisins que d’une intervention organisée.

Il existait bien des „ordonnances sur les incendies“ qui obligeaient chaque citadin à posséder une perche pour arracher les toits en feu et une poche en cuir pour l’eau, mais il manquait l’essentiel : l’organisation, le commandement et la formation. Les interventions étaient désordonnées. Le veilleur de nuit sonnait l’alarme depuis la tour, les gens couraient avec leurs seaux pour tenter d’éteindre le feu, mais sans coordination, leurs efforts étaient souvent vains. L’incendie, surnommé le „coq rouge“, était l’un des plus grands fléaux de la société de l’époque, capable de transformer une communauté prospère en un tas de cendres en quelques heures.


 

Le réveil de la nation et les premières étincelles d’organisation

 

Le changement est venu avec la seconde moitié du 19e siècle. C’était l’époque de la révolution industrielle, qui apportait de nouveaux risques sous la forme d’usines et d’une densité urbaine accrue. C’était aussi l’époque de la Renaissance nationale. Après la chute de l’absolutisme de Bach en 1859, l’atmosphère politique s’est détendue et les Tchèques ont commencé à fonder massivement leurs propres associations – de chant, de théâtre et surtout de gymnastique, comme le Sokol.

C’est dans cette ambiance qu’est née l’idée que la lutte contre les incendies ne devait pas être laissée au hasard, mais devait être confiée à des volontaires organisés, formés et bien équipés. L’inspiration venait de l’Allemagne voisine, où des corps de pompiers organisés existaient déjà. Les premiers de ces corps dans les pays tchèques étaient allemands, par exemple à Zákupy (1850) ou à Liberec (1860). Pour les patriotes tchèques, c’était un défi.


 

Titus Krška : le père des pompiers volontaires tchèques

 

La figure clé et le véritable fondateur des pompiers volontaires tchèques est considéré comme Titus Krška, un commerçant de Velké Meziříčí. Selon la légende, c’est la vue d’un incendie dévastateur qui l’a poussé à agir, le faisant prendre conscience de la futilité d’une extinction désorganisée. Il a commencé à étudier les modèles étrangers, à traduire les manuels de pompiers allemands et à convaincre inlassablement son entourage de la nécessité de créer leur propre corps tchèque.

Ses efforts ont été couronnés de succès en 1871, lorsqu’il a fondé le premier Corps de pompiers volontaires tchèque à Velké Meziříčí. Ce n’était pas seulement une association technique. Krška et ses successeurs ont insufflé un fort sentiment national au mouvement. Les pompiers portaient des uniformes tchèques, des drapeaux tchèques et utilisaient des commandements tchèques. Leur devise „À la gloire de Dieu, au secours du prochain“ résumait parfaitement leur mission : une combinaison de morale chrétienne, d’aide de voisinage et de fierté patriotique.


 

La „fièvre des pompiers“ : un mouvement qui a envahi le pays

 

L’exemple de Velké Meziříčí a agi comme un détonateur. En quelques années, les pays tchèques ont été frappés par une véritable „fièvre des pompiers“. Presque chaque village et ville a vu la création d’un corps de pompiers volontaires. Avoir ses propres pompiers est devenu une question de prestige.

Les raisons de cette explosion étaient de trois ordres :

  • Pratique : Les corps de sapeurs-pompiers apportaient une protection réelle et efficace des biens et des vies. Ils étaient équipés de technologies modernes, comme des pompes à bras, et leurs membres suivaient une formation régulière.
  • National : À une époque où la nation tchèque luttait pour sa position politique au sein de l’Autriche-Hongrie, les corps de pompiers étaient l’une des rares forces purement tchèques, massives et organisées. Ils étaient une manifestation de l’autonomie et de la force nationales.
  • Social : La caserne de pompiers est rapidement devenue un centre de la vie sociale et culturelle de la commune. Les pompiers organisaient des bals, des spectacles de théâtre, des festivités et des exercices qui étaient de grands événements. Être pompier signifiait appartenir à une partie respectée et active de la communauté.

 

Unification et professionnalisation

 

Avec l’augmentation du nombre de corps de sapeurs-pompiers (il y en avait des milliers au tournant du siècle), le besoin d’unification et de création d’une organisation faîtière s’est fait sentir. Un autre grand homme du mouvement, Reginald Czermack, a joué un rôle clé. Grâce à son initiative, des „associations de pompiers“ ont été créées, regroupant les corps dans les districts, puis des unités centrales provinciales qui coordonnaient les activités au niveau de la Bohême et de la Moravie. Ces organisations assuraient une formation uniforme, des normes pour le matériel et défendaient les intérêts des pompiers.

Avec la croissance des grandes villes industrielles au début du 20e siècle, il est devenu évident que le principe du volontariat n’était plus suffisant. Les risques étaient trop importants et nécessitaient une disponibilité constante. Le premier corps de pompiers professionnels a ainsi été créé à Prague dès 1853, mais sa forme moderne et entièrement professionnalisée date de 1904. D’autres grandes villes comme Brno et Ostrava ont suivi.


 

L’héritage perdure : les deux piliers de la protection d’aujourd’hui

 

Au cours du 20e siècle, les pompiers ont connu de nombreux changements, y compris une centralisation sous le communisme. Après 1989, cependant, le mouvement a renoué avec ses traditions démocratiques et associatives.

Le système actuel de protection contre les incendies en République tchèque repose sur deux piliers solides et complémentaires :

  • Le Corps de sapeurs-pompiers de la République tchèque (HZS ČR) : la composante professionnelle, qui est l’épine dorsale du système de secours intégré et intervient lors des événements les plus graves.
  • Les Corps de sapeurs-pompiers volontaires (SDH) : ils constituent toujours la force la plus nombreuse et indispensable, en particulier dans les petites communes et à la campagne. Ce sont eux qui sont souvent les premiers sur les lieux d’un incendie, et leur rôle dans la vie communautaire et l’éducation des jeunes reste irremplaçable.

L’histoire de la création des pompiers tchèques est une illustration fascinante de la manière dont la nécessité de protéger les biens et les vies peut donner naissance à un mouvement national qui a renforcé non seulement la sécurité, mais aussi l’identité nationale et l’esprit communautaire. L’héritage de Titus Krška et des milliers de volontaires anonymes perdure en chacun de ceux qui enfilent aujourd’hui un uniforme, conscients de servir leur prochain.