Pondělí, 6. října 2025

Histoire de la création de foyers pour enfants en République tchèque

Facebook
Twitter
LinkedIn

Les soins apportés aux enfants abandonnés, orphelins ou négligés sont un indicateur du niveau de développement de toute société. Dans les pays tchèques, comme ailleurs en Europe, le système de prise en charge institutionnelle des enfants a évolué au fil des siècles, passant d’une simple charité et de refuges improvisés à un système complexe de foyers pour enfants que l’on connaît aujourd’hui. Le chemin vers une conception moderne de la protection de l’enfance a été long et rempli de changements, reflétant l’évolution des valeurs sociales, des lois et des connaissances scientifiques sur les besoins des enfants.


 

Moyen Âge et début des temps modernes : les racines de la charité

 

Les premières formes de prise en charge organisée des enfants abandonnés dans les pays tchèques trouvent leurs origines dans la charité médiévale, notamment sous l’égide de l’Église et des monastères. Les orphelinats, souvent créés près des églises, des hôpitaux ou des monastères, étaient principalement destinés aux enfants qui avaient perdu leurs parents à cause des guerres, des épidémies ou de la pauvreté. Cependant, ces premières institutions n’offraient souvent qu’un abri et de la nourriture de base, avec des conditions minimales pour le développement de l’enfant. L’objectif était davantage d’éviter la misère et l’exclusion sociale que d’assurer une éducation complète.

Avec l’avènement des temps modernes et le développement des villes, des initiatives laïques ont également vu le jour. Les conseils municipaux et les riches bourgeois créaient des „maisons de trouvaille“ pour les enfants abandonnés. La motivation était souvent double : la charité, mais aussi le désir de maintenir l’ordre public et d’éliminer la mendicité. Les conditions dans ces établissements restaient souvent lamentables, avec une forte mortalité infantile due à une mauvaise hygiène et à des soins insuffisants. La notion d’enfant comme un être à part entière avec des besoins individuels commençait tout juste à se former.


 

Le Siècle des Lumières et le 19e siècle : les débuts d’une approche plus systématique

 

Le Siècle des Lumières, qui mettait l’accent sur l’importance de l’éducation et d’une approche plus humaine de l’individu, y compris des enfants, a apporté des changements fondamentaux. Au 18e siècle, sous le règne de Marie-Thérèse et de Joseph II, les premières tentatives de réglementation étatique de la prise en charge des orphelins et des enfants trouvés ont eu lieu. Des décrets ont été publiés pour standardiser les soins et limiter l’exploitation des enfants. Cependant, la véritable expansion des soins organisés n’est survenue qu’au 19e siècle, avec l’industrialisation et l’urbanisation, qui ont engendré de nouveaux problèmes sociaux et une augmentation du nombre d’enfants pauvres et abandonnés.

C’est à cette époque qu’ont émergé des orphelinats et des refuges plus modernes, souvent financés par des philanthropes, des associations caritatives ou des municipalités. Des institutions ont été créées à Prague et dans d’autres grandes villes, s’efforçant non seulement de fournir un toit, mais aussi une éducation de base et une formation professionnelle. Des instituts spécialisés pour les enfants ayant des besoins particuliers, comme les enfants handicapés, ont également vu le jour. Les méthodes pédagogiques restaient néanmoins souvent strictes et mettaient l’accent sur la discipline.


 

La Première République : l’âge d’or de la protection de l’enfance

 

L’âge d’or de la protection de l’enfance dans les pays tchèques a commencé après la création de la République tchécoslovaque en 1918. Le nouvel État, inspiré par des idéaux progressistes, a mis l’accent sur la protection sociale et la protection des enfants. Une législation étendue a été mise en place pour unifier et améliorer le système de prise en charge. Les instituts sociaux ont joué un rôle clé, s’efforçant non seulement de subvenir aux besoins matériels des enfants, mais aussi de leur offrir une éducation et de les préparer à la vie.

Au cours de cette période, la construction et la modernisation des foyers pour enfants se sont développées, visant à reproduire au maximum l’environnement familial. Des éducateurs et des pédagogues qualifiés, qui s’efforçaient d’avoir une approche individualisée, étaient souvent impliqués. Un accent particulier a été mis sur les soins de santé, l’hygiène et la nutrition. Des organisations spécialisées dans le placement d’enfants dans des familles d’accueil, une approche relativement innovante à l’époque, ont également été créées. La Première République est ainsi devenue un modèle de protection de l’enfance pour de nombreux autres pays.


 

Période d’après-guerre et socialisme : centralisation et idéologisation

 

Après la Seconde Guerre mondiale et l’instauration du régime communiste en 1948, une réorganisation fondamentale de l’ensemble du système a eu lieu. Les institutions privées et ecclésiastiques ont été nationalisées, et toute la prise en charge des enfants est passée sous le contrôle de l’État. Les foyers pour enfants ont été intégrés dans un système centralisé géré par le ministère de l’Éducation et le ministère de la Santé.

Pendant cette période, un grand accent a été mis sur l’uniformité et l’éducation collective. Les enfants étaient souvent placés dans de grandes installations pouvant accueillir des centaines d’enfants, où ils étaient organisés en groupes. L’objectif était d’assurer les mêmes conditions pour tous les enfants et d’éliminer les différences sociales. Bien que ces foyers fussent souvent bien équipés et offraient une éducation de qualité, les critiques soulignaient le manque de soins individualisés et la privation affective des enfants. Le modèle familial a été étouffé au profit de l’éducation collective.


 

Après 1989 : transformation et désinstitutionnalisation

 

La Révolution de velours de 1989 et la chute du régime communiste ont apporté de nouveaux changements majeurs dans la protection de l’enfance. La République tchèque a commencé à s’inspirer des modèles occidentaux et de l’Union européenne. La principale tendance est devenue la désinstitutionnalisation, c’est-à-dire l’effort de réduire le nombre d’enfants dans les grandes institutions et de soutenir les soins en famille – l’accueil, l’adoption et le travail individualisé avec les familles.

Les foyers pour enfants ont commencé leur transformation. Les grands bâtiments ont souvent été divisés en plus petites unités „familiales“, où les enfants vivaient en petits groupes avec une „tante“ ou un „oncle“ comme éducateurs permanents, s’efforçant de reproduire un environnement familial. Le travail social et le soutien psychologique aux enfants et à leurs familles biologiques ont été renforcés, dans le but de permettre le retour de l’enfant dans sa famille d’origine si cela est possible et sûr. La législation a été continuellement mise à jour pour refléter les dernières connaissances sur le développement de l’enfant et ses besoins.


 

Le présent et les défis futurs

 

Aujourd’hui, le système de protection de l’enfance en République tchèque s’efforce d’être aussi individualisé et flexible que possible. Les foyers pour enfants jouent toujours un rôle important, mais ils sont considérés comme un dernier recours et l’accent est mis sur la réduction de la durée de séjour des enfants. La priorité est le soutien aux familles d’accueil et à l’adoption. Le système évolue constamment, réagissant aux nouveaux problèmes sociaux tels que les dépendances des parents, la violence domestique ou la santé mentale.

Malgré les progrès, le système de protection de l’enfance en Tchéquie est toujours confronté à des défis. Le manque de familles d’accueil qualifiées, la nécessité de développer davantage les services sociaux et d’assurer des ressources financières suffisantes n’en sont que quelques-uns. L’avenir de la protection de l’enfance réside dans le développement de programmes de prévention, le renforcement des liens familiaux et la garantie que chaque enfant ait la chance de mener une vie heureuse et épanouissante. L’histoire des foyers pour enfants dans les pays tchèques est le récit d’une quête incessante de la meilleure façon de prendre soin des membres les plus vulnérables de la société.