La décision du président américain Donald Trump de suspendre pendant 90 jours l’augmentation prévue des droits de douane à l’encontre de l’Union européenne a été saluée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui y voit une occasion de renouer le dialogue diplomatique. Bien qu’il s’agisse d’une mesure temporaire, Bruxelles la considère comme une occasion unique de négocier une solution à long terme qui réduirait les tensions commerciales entre les deux partenaires transatlantiques. L’Union relance ainsi son offre d’accord sur des droits de douane nuls pour les produits industriels, qu’elle avait déjà présentée aux États-Unis par le passé, mais sans succès.
La déclaration de Trump est arrivée de manière inattendue mercredi soir et s’accompagnait de l’annonce que les États-Unis réduisaient temporairement les droits de douane à 10 % pour la plupart des pays, à l’exception de la Chine. Dans le cas de l’Union européenne, il s’agissait d’un changement fondamental : des droits de douane réciproques de 20 % devaient entrer en vigueur le jour même. Le président a toutefois suspendu leur application à la dernière minute, affirmant vouloir créer un espace pour des négociations constructives. La Commission européenne a salué cette décision comme un signe que Washington répondait, au moins en partie, à l’appel européen à la raison.
Von der Leyen met en garde contre un retour au protectionnisme
Selon la présidente de la Commission européenne, l’objectif des deux parties devrait être de parvenir à un accord équitable, prévisible et mutuellement avantageux. « Les droits de douane sont une taxe qui nuit tant aux entreprises qu’aux consommateurs », a déclaré Mme von der Leyen dans un communiqué officiel, dans lequel elle a également confirmé que l’UE restait prête à négocier. Elle a également réitéré la position de Bruxelles selon laquelle des conditions commerciales claires et stables sont indispensables au bon fonctionnement des chaînes d’approvisionnement et de l’économie mondiale.
Selon elle, l’Union européenne ne souhaite pas entrer en confrontation, mais elle n’acceptera pas non plus de diktats unilatéraux. Elle a rappelé que l’UE avait déjà proposé à Washington un accord global sur la suppression des droits de douane sur les produits industriels. Cependant, cette proposition a été rejetée par l’administration américaine, en partie en raison de divergences de vues sur la production agricole, que les États-Unis souhaitaient inclure dans les négociations. Bruxelles a toutefois rejeté cette proposition dès le départ, la jugeant politiquement inacceptable.
Les réactions internationales à l’annonce de Trump ont été majoritairement positives. De nombreux pays ont qualifié cette décision de raisonnable et ont exprimé l’espoir qu’elle ouvrirait la voie à un accord plus large sur la réduction des barrières commerciales. La situation reste néanmoins fragile. La rhétorique de Trump reste imprévisible et la diplomatie européenne est consciente que tout changement dans la situation politique intérieure américaine, en particulier à l’approche des élections, peut entraîner un revirement soudain.
L’UE recherche un consensus entre les États membres
À huis clos, les diplomates de l’UE préparent actuellement un nouveau cadre de négociation qui tiendra compte non seulement des intérêts économiques des États membres, mais aussi des priorités géopolitiques de l’Union européenne. Outre l’équilibre commercial, les discussions portent également sur la transition écologique et les normes de production durables, que l’UE souhaiterait inscrire comme condition préalable à tout accord. Certains États membres craignent toutefois qu’une position trop ferme ne provoque à nouveau une réaction américaine sous la forme de nouvelles menaces douanières.
Il est toutefois clair que l’Union souhaite cette fois-ci agir de manière unie et se préparer à tous les scénarios. Si Trump décide de lever le report des droits de douane, Bruxelles a préparé un ensemble de mesures de rétorsion. Celles-ci pourraient concerner, par exemple, les voitures américaines, les produits agricoles ou les produits technologiques. Des sources de la Commission européenne soulignent toutefois que les droits de douane de rétorsion sont une solution de dernier recours et non un instrument privilégié.
L’Union européenne oscille donc entre deux extrêmes : préserver sa dignité dans les négociations tout en évitant une escalade de la guerre commerciale. La décision du président américain a certes apaisé les tensions, mais elle n’apporte pas de solution. Les prochaines semaines seront décisives et montreront si le report décidé par Trump a un réel potentiel diplomatique ou s’il s’agit seulement d’une manœuvre tactique avant la campagne électorale à venir.