BUENOS AIRES – Des notes secrètes récemment découvertes de l’usine d’armement argentine Fabricaciones Militares, datant de 1945 à 1950, suggèrent comment l’arrivée de criminels de guerre nazis et de collaborateurs en Argentine après la Seconde Guerre mondiale a pu être financée dans le cadre de la « route des rats ». Le président Javier Milei a ordonné que ces documents, qui ne figuraient pas dans les dossiers précédemment déclassifiés, soient remis au Centre Simon Wiesenthal (SWC).
Les notes, obtenues par le quotidien Clarín, contiendraient des preuves de paiements destinés à financer le voyage et le séjour de certaines personnalités nazies. Ils mentionnent notamment la décision du conseil d’administration de Fabricaciones Militares d’envoyer des commissions en Europe dans le but de « recruter » des personnes, des sommes de plusieurs dizaines de milliers de francs suisses ayant été allouées à ces voyages (par exemple à Londres ou à Zurich). Selon des sources gouvernementales, une partie de ces fonds aurait pu servir à couvrir les frais liés à l’arrivée des nazis.
Ces documents spécifiques de Fabricaciones Militares ne figuraient pas parmi les 1 850 documents provenant de divers services de sécurité argentins (SIDE, police fédérale, etc.) concernant le séjour en Argentine de nazis tels que Josef Mengele, Adolf Eichmann ou Walter Kutschmann, qui ont été remis cette semaine par les Archives générales de la nation (AGN) au Centre Simon Wiesenthal. Ces documents plus anciens, déclassifiés dès 1992 sous la présidence de Carlos Menem, confirmaient la présence d’environ 180 criminels de guerre dans le pays sous le gouvernement de Juan Perón, mais ne traitaient pas en détail de leur financement par l’État.
La remise des documents récemment découverts provenant de Fabricaciones Militares, qui relève du ministère de la Défense, a été ordonnée par le président Milei en mars après une réunion avec des représentants du SWC. Le centre mène actuellement une enquête mondiale sur les liens entre le nazisme et les institutions financières, en particulier la banque suisse Credit Suisse (aujourd’hui UBS), et a demandé à l’Argentine de coopérer à la demande de la commission judiciaire du Sénat américain.
Le ministre de la Défense, Luis Petri, a confirmé que les archives contiennent des preuves qui pourraient éclaircir les « transferts de fonds » destinés à des personnalités nazies. « Il s’agit d’une nouvelle piste. Au départ, l’attention s’est concentrée sur les nazis qui sont venus en Argentine, et maintenant sur la manière dont ils ont été financés et qui leur a apporté un soutien économique », a déclaré M. Petri. Le président Milei a ordonné la publication de tous les documents non encore classifiés concernant les nazis et leurs opérations financières dans les archives nationales.
Les documents de Fabricaciones Militares font ainsi partie d’un vaste ensemble (qui compterait jusqu’à « 35 kilomètres de documents ») que le SWC a rassemblé et prévoit de publier l’année prochaine dans le cadre de son enquête mondiale sur le financement de la « route des rats ».
(Source : Clarín, Centre Simon Wiesenthal)
