Au cœur de Žižkov, un quartier pragois à l’histoire tourmentée et à l’âme rebelle, se cache l’un des clubs de football les plus traditionnels de la République tchèque : le FK Viktoria Žižkov. Vous n’êtes peut-être pas un habitué des stades, mais la « Viktorka » est bien plus que du football. C’est un phénomène culturel qui relie le passé au présent, le sport au style de vie et le football au genius loci de tout un quartier.
Comparée aux grands clubs de Prague comme le Sparta, le Slavia ou les Bohemians, la Viktorka fait figure d’outsider discret. Mais c’est précisément ce qui fait son charme. La Viktorka, c’est le côté punk, brut, mais aussi chaleureux, de la capitale.
Le stade de la Viktorka, officiellement le stade de la rue Seifertova, est ancré dans le paysage urbain comme s’il avait toujours été là. Et il l’est, en fait, depuis „toujours“. Le club a été fondé en 1903 et a traversé de nombreuses époques historiques en plus de cent ans : la Première République, la guerre, le communisme et les folles années 90. Malgré tout, il a toujours conservé une personnalité unique, une sorte de rudesse sincère propre à Žižkov. La Viktorka fait tout simplement partie de Žižkov, au même titre que la tour de télévision, les escaliers de Žižkov ou les pubs légendaires.
Žižkov est un quartier qui n’a jamais joué selon les règles de la haute société. Et il en va de même pour la Viktorka. C’est aussi pour cela qu’elle est un coup de cœur. Non seulement pour ses propres supporters, mais en fait pour tous les fans de football. Et aussi pour les „Žižkoviens“ locaux.
Le rituel de 10h15
Alors que les autres équipes jouent leurs matchs l’après-midi ou le soir, la Viktorka a sa propre particularité : ses matchs à domicile commencent souvent à 10h15 du matin. Pourquoi ? La tradition. Cet horaire de coup d’envoi inhabituel a des racines profondes dans le passé. Aujourd’hui, c’est aussi une raison idéale pour combiner un brunch dominical avec une petite dose de sport.
On ne va pas au match de la Viktoria juste pour le football. On y va pour s’imprégner de l’ambiance. Les supporters locaux – pour la plupart des habitants de Žižkov – créent une atmosphère authentique, chaleureuse et un peu excentrique. Le stand de saucisses sent comme autrefois, la bière coule à flots, même le matin.
Vous n’avez pas besoin d’aimer le football pour aimer la Viktorka. Vous n’irez peut-être pas au stade chaque semaine, mais le simple fait de savoir que ce club existe, que son hymne résonne entre les immeubles et que vous pouvez revivre un morceau du vieux Žižkov à 10h15 du matin, est rassurant. C’est un rappel que dans une ville qui change vite, certaines choses restent comme elles étaient – et c’est une bonne chose.
Alors, la prochaine fois que vous passerez dans la rue Seifertova avant midi un dimanche, arrêtez-vous. Écoutez le bruit du stade, respirez le parfum des saucisses grillées et laissez-vous emporter un instant par ce monde étrange et magnifique qu’est la Viktoria Žižkov. Car la Viktorka n’est pas seulement un club, c’est un mode de vie.