Úterý, 7. října 2025

Pourquoi Poutine ne réagit-il pas aux attaques ukrainiennes ?

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De récentes et audacieuses attaques de drones ukrainiens en profondeur sur le territoire russe, notamment contre des infrastructures militaires au Tatarstan et des attaques symboliques près de Moscou, n’ont pas provoqué la riposte massive attendue de la Russie. Selon les analystes, cela ne traduit pas la faiblesse ou la peur du Kremlin, mais plutôt une confiance calculée dans une stratégie d’usure en cours qui, selon eux, permet à Moscou d’atteindre ses objectifs de guerre clés, bien que limités.

Le monde attendait avec impatience la réaction de la Russie à la dernière série d’attaques ukrainiennes. Cependant, le tapis de bombes sur Kyiv, la campagne aérienne massive ou l’escalade stratégique dont on a parlé dans les médias occidentaux et sur les réseaux sociaux n’ont pas eu lieu. La question demeure : le président russe Vladimir Poutine est-il en train d’attendre ou se prépare-t-il à une action plus vaste ?

Selon le Dr. Andrew Latham, associé non résident à Defense Priorities et professeur de relations internationales, la réponse ne réside pas dans des gestes spectaculaires, mais dans l’avancée lente, méthodique et épuisante des forces russes sur le front ukrainien. C’est là que la Russie, selon lui, est en train de gagner la guerre, et elle n’a donc pas besoin de faire la démonstration de sa force par des frappes de représailles théâtrales.


 

Objectifs et stratégie d’usure russes

 

Latham soutient que l’Occident, influencé par des décennies de guerres axées sur la puissance aérienne, s’attend à des escalades spectaculaires. Cependant, la stratégie russe en Ukraine est différente depuis le début : elle vise à atteindre des objectifs spécifiques sans tenir compte de l’image médiatique. Ces objectifs, qui n’ont pas beaucoup changé depuis les premiers mois de la guerre, sont de consolider le contrôle sur les quatre régions clés – Louhansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson – et de maintenir le corridor terrestre vers la Crimée. À cela s’ajoute l’objectif d’une Ukraine neutralisée, démilitarisée et de facto divisée, coupée de toute intégration à l’OTAN.

Les attaques de drones ukrainiens peuvent attirer l’attention, mais selon Latham, elles ne modifient pas le calcul fondamental sur le champ de bataille. Elles n’arrêtent pas l’avancée russe près de Tchassiv Yar, la pression incessante sur Kharkiv ou les tactiques d’encerclement qui écrasent les brigades ukrainiennes restantes. L’état-major russe en est conscient et comprend qu’une escalade spectaculaire, mais sans signification stratégique, ferait le jeu de l’Ukraine, voire de l’OTAN.


 

La patience stratégique de la Russie

 

Il est à craindre que la dernière vague d’attaques ukrainiennes, prétendument menée avec l’implication de l’Occident via le partage de renseignements et l’approbation des cibles, vise davantage à provoquer une réaction russe excessive qu’à obtenir des effets militaires directs. L’objectif pourrait être d’attirer la Russie dans un cycle de représailles qui pourrait internationaliser à nouveau la guerre, ou du moins justifier une présence plus profonde de l’OTAN en Ukraine.

Cependant, Poutine ne mord pas à cet hameçon, selon Latham – non pas parce qu’il est faible ou indécis, mais parce qu’il n’en a pas besoin et qu’il le sait. Malgré les attaques ukrainiennes, la dynamique fondamentale de la guerre évolue en faveur de la Russie. L’Ukraine fait face à des pertes en vies humaines insoutenables, la récente loi de mobilisation échoue et les jeunes hommes tentent d’éviter le service militaire. L’OTAN a une rhétorique forte, mais un manque de munitions, et les paquets d’aide promis sont retardés.

La Russie, en revanche, s’est adaptée. D’abord lentement et maladroitement, mais maintenant à un rythme industriel que l’Occident ne peut pas égaler. Moscou a conclu, selon Latham, qu’une guerre totale n’est pas nécessaire. La retenue stratégique, et non l’escalade, est la caractéristique de la marche russe depuis 2022. Non pas parce que Poutine est modéré, mais parce qu’il est réaliste et comprend que l’escalade sans gain stratégique est un gaspillage et un danger.


 

Confiance russe et possibilité d’une escalade future

 

La Russie pourrait-elle recourir à des mesures plus spectaculaires à l’avenir ? Oui, mais seulement si cela sert ses objectifs de guerre – par exemple si l’armée ukrainienne menaçait la Crimée ou si l’OTAN franchissait une ligne rouge inacceptable. Dans un tel cas, l’escalade deviendrait rationnelle. Pour l’instant, cependant, rien n’indique que le Kremlin considère de telles mesures comme nécessaires.

Selon Latham, cette patience stratégique reflète une confiance qu’il est facile de négliger dans le brouillard de la guerre. Pour l’Ukraine, plus la guerre dure, plus ses perspectives se détériorent. La Russie est prête à sacrifier du temps, des ressources et des vies, et parie que l’Occident ne le fera pas.

Bien que l’économie russe soit confrontée à des déformations causées par la guerre, que sa base démographique soit fragile et que son système politique soit vulnérable, pour l’instant, ces contraintes sont gérées et l’effort de guerre est non seulement soutenable, mais aussi efficace – non pas ostentatoire, mais percutant.


 

Conclusion : Atteindre les objectifs de manière méthodique

 

Selon Latham, Poutine ne réagira pas massivement à des attaques individuelles car il est déjà „à fond“ de la seule manière qui compte : en façonnant le champ de bataille, en épuisant l’ennemi et en atteignant méthodiquement les objectifs qui l’ont initialement conduit à la guerre. La grande revanche pourrait ne jamais arriver, mais le marteau stratégique continue de s’abattre, kilomètre après kilomètre, brigade après brigade.

Selon cette analyse, l’Occident ne devrait pas s’inquiéter de ce que Poutine pourrait faire en réaction à une attaque de drone, mais plutôt du fait qu’il n’ait même pas besoin de réagir, car sa stratégie porte progressivement ses fruits.