Úterý, 7. října 2025

Macron propose à l’Europe le parapluie nucléaire français, les détails et les conditions seront précisés ultérieurement

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PARIS – Le président français Emmanuel Macron a fait un pas important et sans précédent en matière de défense européenne en proposant les armes nucléaires françaises comme bouclier dissuasif à ses voisins européens. Il l’a fait mardi soir lors d’une intervention télévisée de plus de trois heures, au cours de laquelle il s’est écarté de la doctrine française traditionnelle de « l’ambiguïté stratégique » et s’est exprimé directement sur la possibilité d’étendre la dissuasion nucléaire française à l’Union européenne. Cette initiative intervient dans un contexte de tensions accrues et de débats sur la future architecture de sécurité du continent.

Dans l’émission intitulée « Les défis auxquels la France est confrontée », Macron a souligné que le plus grand défi était de « rester libre ». À la question directe de savoir si, face aux ambitions expansionnistes de Moscou, la France défendrait Varsovie ou Vilnius avec des armes nucléaires, même au prix du risque de bombardement de villes françaises comme Lyon, le président a répondu : « Si les Européens veulent rester libres, ils doivent se mettre en position de s’armer, de faire preuve de solidarité et de dissuasion. »

Depuis le départ du Royaume-Uni de l’UE, la France est la seule puissance nucléaire du bloc. Dans un contexte de doutes croissants quant à la fiabilité à long terme des garanties de sécurité de l’OTAN, certains pays européens envisagent la possibilité de remplacer les armes nucléaires américaines sur leur territoire par des armes françaises. Outre la Pologne, qui a récemment signé un traité d’amitié avec Paris, l’Allemagne manifeste également son intérêt pour le parapluie défensif français, selon le site Die Welt.

Macron a toutefois clairement indiqué que cette « solidarité », qui peut être interprétée comme une protection, serait soumise à certaines conditions. Il a résumé en trois points que « la France ne paiera pas pour la sécurité des autres », que l’extension ne doit pas se faire au détriment de l’armée et de la sécurité françaises, et que la décision clé concernant l’utilisation des armes nucléaires françaises restera toujours entre les mains du président français en tant que commandant en chef des forces armées. « Nous sommes prêts à entamer cette discussion et je présenterai une proposition officielle dans les prochaines semaines, dans laquelle je définirai le cadre », a ajouté M. Macron.

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Le président français a évoqué la nécessité d’un « réveil géopolitique » de l’Europe et a rappelé les racines historiques de l’UE, qui est née comme une communauté régulant les matières premières essentielles afin d’éviter les guerres, avant de se transformer en une communauté économique. « Aujourd’hui, c’est une question de pouvoir », a déclaré Macron.

La demande de participation financière des pays qui souhaiteraient bénéficier de la protection nucléaire française n’est pas surprenante, compte tenu notamment du budget français tendu, qui a également été abordé lors de cette soirée télévisée. De même, il n’est pas surprenant qu’il insiste pour que le pouvoir décisionnel final reste à Paris, à l’instar du président américain qui décide du sort des armes nucléaires américaines déployées en Allemagne.

Pour Macron, l’idée d’une dissuasion nucléaire élargie fait partie de l’architecture de sécurité européenne qu’il s’efforce de promouvoir depuis son entrée en fonction en 2017. Dès 2020, il a proposé une « discussion » sur le partage des armes nucléaires et a invité les pays intéressés à participer à des exercices des forces nucléaires françaises. Selon les experts, certains pays ont accepté cette invitation, même si leurs noms n’ont pas été rendus publics.

Cette proposition est toutefois critiquée par l’opposition française. Les populistes de droite et de gauche l’ont vivement critiquée, affirmant à tort que Macron voulait affaiblir les pouvoirs présidentiels. Marine Le Pen, de la République nationale (RN), réclame depuis longtemps le retrait des structures intégrées de l’OTAN et a qualifié la solidarité avec les pays européens voisins sur cette question de « pure folie ». Après son intervention télévisée, le président de RN, Jordan Bardella, a critiqué Macron, le qualifiant de « déconnecté » et de « beau parleur ». La dirigeante des Verts, Marine Tondelier, a comparé l’événement à un « pétard mouillé ».

La majeure partie du programme télévisé a été consacrée aux problèmes politiques et sociaux internes. Macron, dont le pouvoir interne a été affaibli après la dissolution de l’Assemblée nationale, est apparu, selon les observateurs, intellectuellement vif et bien préparé, défendant ses résultats après huit ans au pouvoir, mais sans dévoiler de ligne claire pour les deux années restantes de son mandat. Son offre ouverte d’un parapluie nucléaire représente toutefois un changement important dans la politique de défense française et ouvre un nouveau chapitre dans le débat sur la sécurité européenne.