TÉHÉRAN – Le ministre iranien du renseignement a déclaré dimanche, sans fournir aucune preuve, que Téhéran avait réussi à s’emparer d’un ensemble d’informations sur le programme nucléaire israélien. Cette déclaration intervient alors que l’Iran fait face à une pression internationale croissante en raison de son propre programme nucléaire et qu’une nouvelle rupture diplomatique est imminente.
Une affirmation sans preuve dans un contexte tendu
L’affirmation du ministre Esmail Khatib fait suite à un reportage diffusé samedi par la télévision d’État iranienne, qui avait également annoncé, sans preuve, la saisie de documents secrets. Israël, considéré comme la seule nation du Moyen-Orient à posséder l’arme nucléaire, n’a fait aucun commentaire sur cette prétendue opération, bien que plusieurs Israéliens soupçonnés d’espionnage pour le compte de Téhéran aient été arrêtés dans le contexte de la guerre à Gaza.
Le moment de la déclaration iranienne n’est pas un hasard. Cette semaine, l‘Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) doit débattre de la marche à suivre concernant l’Iran, et les pays occidentaux devraient proposer une résolution constatant le non-respect des engagements iraniens.
Le ministre Khatib a déclaré dimanche, après une réunion du cabinet, que son ministère avait „acquis un trésor important de renseignements stratégiques, opérationnels et scientifiques du régime sioniste“. Il a affirmé que des milliers de pages de documents avaient été obtenues et qu’elles seraient bientôt rendues publiques. Parmi ceux-ci, il y aurait des documents concernant les États-Unis, l’Europe et d’autres pays, obtenus par „infiltration“ et „accès aux sources“.
Une réplique à une opération passée ?
Pour l’Iran, cette affirmation pourrait être une tentative de montrer à son opinion publique qu’il est capable de répliquer à l’opération israélienne de 2018. À l’époque, des agents du Mossad avaient emporté de Téhéran une demi-tonne de documents sur le programme nucléaire iranien. Peu après, le président américain de l’époque, Donald Trump, s’était unilatéralement retiré de l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran.
La déclaration iranienne intervient à un moment critique. Le Conseil des gouverneurs de l’AIEA devrait approuver cette semaine une résolution condamnant le manque de coopération de Téhéran. Cela pourrait conduire à ce que toute l’affaire soit soumise au Conseil de sécurité de l’ONU, a rapporté le site apnews.
Les pays occidentaux pourraient alors activer le mécanisme de „snapback“, qui permet de rétablir toutes les sanctions internationales de l’ONU contre l’Iran. Le pouvoir d’agir de la sorte expire en octobre, ce qui oblige l’Occident à agir rapidement.
Le programme nucléaire iranien à un tournant
La situation est également tendue en raison des progrès du programme iranien. L’Iran enrichit actuellement de l’uranium à une pureté de 60 %, ce qui n’est qu’un petit pas technique par rapport à la pureté de 90 % nécessaire pour la fabrication d’armes. Selon les experts, Téhéran dispose de suffisamment d’uranium hautement enrichi pour fabriquer plusieurs bombes atomiques s’il le décidait.
De plus, les pourparlers avec les États-Unis sur un nouvel accord sont dans l’impasse. Sans accord, l’économie iranienne risque de s’effondrer, ce qui pourrait aggraver la situation déjà tendue dans le pays. Le risque que l‘Israël ou les États-Unis entreprennent des frappes aériennes, longtemps menacées, sur les installations nucléaires iraniennes augmente également. Dans ce cas, les experts craignent que l’Iran ne mette fin à toute coopération avec l’AIEA et ne tente de fabriquer rapidement une bombe nucléaire.