Les centrales électriques au gaz, considérées comme une source de transition essentielle sur la voie du charbon vers une énergie propre, sont confrontées à une augmentation sans précédent des coûts. Selon la dernière analyse de la célèbre banque d’investissement Lazard, l’investissement dans la construction de nouvelles centrales à cycle combiné à gaz est devenu le plus cher de la dernière décennie et devrait presque doubler dans les années à venir. Cette tendance complique considérablement la transition énergétique en Europe et en République tchèque.
Le rapport réputé „Levelized Cost of Energy+“ (LCOE+) de Lazard compare chaque année les coûts de production d’électricité à partir de différentes sources et est considéré comme une référence dans l’industrie. Alors que les coûts des sources achevées l’année dernière n’ont que légèrement augmenté, les perspectives d’avenir sont spectaculaires. Le marché est confronté à une pénurie de composants clés tels que les turbines, à l’augmentation du prix des matériaux et à des délais de livraison plus longs. Ces facteurs se répercuteront sur le prix des centrales électriques prévues après 2028.
Alors que les coûts d’investissement pour les centrales à cycle combiné à gaz (CCGT) en cours d’achèvement se situent entre 1 200 et 1 600 dollars par kilowatt (kW) installé, ils pourraient grimper jusqu’à 2 400 à 2 600 dollars par kW pour les projets prévus après 2028. Il s’agit d’une augmentation de près du double, ce qui rend le gaz une technologie considérablement plus chère que ce qui avait été prévu jusqu’à récemment.
Malgré cette augmentation, les sources à gaz restent plus abordables en termes d’investissement que le nouveau nucléaire. À titre de comparaison, les coûts des nouveaux réacteurs nucléaires aux États-Unis se situent entre 9 000 et 14 000 dollars par kW, comme le montrent les données de la centrale récemment achevée de Vogtle. Il faut cependant ajouter que les coûts d’investissement ne sont qu’une seule composante. Les centrales nucléaires ont des coûts de combustible nettement inférieurs tout au long de leur durée de vie, ce qui s’est manifesté en particulier pendant la crise énergétique de 2021-2023.
Cette évolution a un impact direct sur la République tchèque. Les centrales à gaz sont censées jouer un rôle crucial dans la mise à l’arrêt des sources de charbon et servir de soutien stable à la production variable des énergies renouvelables, en attendant que de nouveaux réacteurs nucléaires soient construits. Pour accélérer la construction de ces sources clés, une modification de la loi sur l’énergie, connue sous le nom de „Lex Gaz“, a récemment été adoptée.
Les plus grandes entreprises énergétiques de Tchéquie, telles que ČEZ et EPH, ont déjà des plans concrets pour construire ou reconvertir leurs sites de Mělník, Opatovice ou Komořany en sources à gaz. Cependant, l’augmentation attendue des coûts de construction pourrait compliquer ces projets et accroître la pression pour un soutien de l’État afin d’assurer leur viabilité économique et la sécurité énergétique du pays pour les décennies à venir.