JÉRUSALEM – L’armée israélienne a annoncé qu’elle enverrait 54 000 ordres de mobilisation à de jeunes hommes ultra-orthodoxes d’ici la fin du mois. Cette mesure met un terme à une controverse de longue date qui ébranle la société israélienne et menace la stabilité du gouvernement de droite et religieux du Premier ministre Benyamin Netanyahou.
La fin d’une exemption historique
Cette décision sans précédent met fin à une exemption qui durait depuis des décennies, libérant les étudiants des écoles religieuses (yeshivas) de la conscription obligatoire. La loi initiale qui permettait cette exception a expiré l’année dernière, et le gouvernement n’a pas encore réussi à faire adopter une nouvelle législation. La situation a finalement été tranchée par la Cour suprême à l’été 2024, qui a statué que les hommes ultra-orthodoxes devaient être mobilisés dans l’armée au même titre que les autres citoyens.
L’armée agit désormais sur la base de cette décision de justice. Dans sa déclaration, elle a souligné qu’elle renforcerait les mesures à l’encontre de ceux qui se soustraient à leur service et des déserteurs. Le besoin de nouvelles recrues est en effet pressant. Les forces armées israéliennes sont confrontées à une pénurie de personnel en raison des guerres et des conflits en cours, ce qui oblige les soldats et les réservistes actuels à servir pendant des périodes de plus en plus longues, a rapporté le site tagesschau.
Cela suscite un mécontentement croissant au sein de la majorité de la société israélienne, qui supporte le fardeau du service militaire, alors que la communauté ultra-orthodoxe en était jusqu’à présent exemptée. Cependant, de nombreux juifs ultra-orthodoxes perçoivent le service militaire comme une menace à leur mode de vie pieux, centré sur l’étude de la Torah. Ils sont également gênés par le fait que les hommes et les femmes servent ensemble dans l’armée.
Un dilemme politique pour Netanyahou
Le gouvernement du Premier ministre Netanyahou se trouve dans une situation critique. Sa stabilité dépend du soutien des partis ultra-orthodoxes, qui rejettent toute proposition de loi incluant de véritables sanctions pour le refus de servir. Ces partis menacent de quitter immédiatement la coalition si une telle loi était adoptée – par exemple avec l’aide des voix de l’opposition – ce qui entraînerait sa chute.
Cependant, la question demeure de savoir si l’armée mettra réellement ses menaces à exécution. Au cours des deux dernières années, elle a déjà envoyé 23 000 ordres de mobilisation, mais seule une poignée d’hommes s’est enrôlée. Aucun de ceux qui ont refusé le service n’a été arrêté. Les médias israéliens spéculent donc que cette fois non plus, il n’y aura pas d’arrestations massives, car cela représenterait une „ligne rouge“ pour les partis ultra-orthodoxes, dont le franchissement ferait tomber le gouvernement. Le pays est ainsi confronté à un conflit entre le pouvoir judiciaire, les besoins de l’armée et une réalité politique fragile.