Genève/Francfort – Christine Lagarde, actuelle présidente de la Banque centrale européenne (BCE), aurait envisagé de quitter prématurément son poste pour prendre la direction du Forum économique mondial (WEF). C’est ce qu’affirme le fondateur du WEF, Klaus Schwab, selon lequel Lagarde pourrait prendre la tête de cette prestigieuse organisation au plus tard début 2027.
Dans une interview accordée au Financial Times, Schwab a déclaré avoir rencontré la présidente de la BCE afin de convenir de sa succession au poste de directeur exécutif du WEF. Le mandat de Christine Lagarde à la BCE expire toutefois fin octobre 2027. Le Forum économique mondial est surtout connu pour organiser chaque année à Davos, en Suisse, une réunion des dirigeants mondiaux, des titans de la finance et des capitaines d’industrie.
Selon M. Schwab, qui a quitté le WEF le mois dernier au milieu d’allégations d’irrégularités financières (qu’il nie), des dispositions ont déjà été prises pour Mme Lagarde, notamment la réservation d’un appartement à Villa Mundi à Genève, où le WEF a ses bureaux administratifs, a confirmé à Politico une personne proche du dossier.
Christine Lagarde reste discrète sur ses projets futurs, mais son mandat à la BCE n’est pas renouvelable et il ne lui reste plus que deux ans et demi à exercer. Elle a quitté son précédent poste au Fonds monétaire international (FMI) peu après la moitié de son deuxième mandat de cinq ans.
Depuis son arrivée à la tête de la BCE fin 2019, Mme Lagarde s’est efforcée de rapprocher la banque du grand public et d’élargir son champ d’action, notamment en intégrant les effets du changement climatique sur l’économie et la surveillance des banques. Au cours des premières années, elle a été saluée pour sa réaction rapide et décisive à la pandémie, supervisant les programmes de soutien monétaire les plus importants et les plus agressifs jamais mis en place. Elle s’est également efforcée d’apaiser les dissensions internes laissées par son prédécesseur, Mario Draghi, et a promu un style de prise de décision plus inclusif.
Toutefois, son action n’a pas été sans susciter des critiques. Selon certaines enquêtes internes menées auprès des employés (dont la BCE conteste l’exactitude), elle n’a pas toujours bénéficié d’un soutien total. Elle a également suscité le mécontentement à Bruxelles, où le Parlement européen a critiqué l’intérêt croissant de la BCE pour les questions liées au changement climatique et ses projets d’introduction d’un euro numérique.
Dans le même temps, les effets secondaires négatifs des programmes de soutien mis en place pendant la pandémie sont de plus en plus visibles depuis quatre ans, entraînant des pertes massives pour certaines banques centrales nationales de la zone euro et rendant plus difficile la gestion de l’économie par le biais des taux d’intérêt.
Tout signe de départ prématuré de la BCE susciterait probablement une concurrence acharnée entre les 20 membres de la zone euro pour trouver un successeur approprié, compte tenu de l’énorme influence de ce poste.
Portrait : Christine Lagarde
- Nom complet : Christine Madeleine Odette Lagarde
- Née le 1er janvier 1956 à Paris, France
- Formation : droit et sciences politiques (Université Paris X Nanterre, Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence)
- Carrière :
- Avocate : longue carrière au sein du cabinet d’avocats international Baker & McKenzie, où elle est devenue en 1999 la première femme à diriger le cabinet.
- Gouvernement français : plusieurs postes ministériels, dont celui de ministre du Commerce (2005-2007) et de ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie (2007-2011) – première femme à occuper cette fonction dans un pays du G8.
- Fonds monétaire international (FMI) : directrice générale du FMI (2011-2019) – première femme à la tête de cette institution. Elle a joué un rôle clé pendant la crise de la dette européenne.
- Banque centrale européenne (BCE) : présidente de la BCE (depuis novembre 2019) – là encore, première femme à occuper ce poste.
- Style et caractéristiques : Elle est connue pour son élégance, ses talents diplomatiques et son profil international affirmé. Elle est souvent saluée pour sa capacité à négocier et à rechercher le consensus. Elle est partisane d’une plus grande diversité et d’une plus grande inclusion dans les postes de direction.
- Moments marquants à la BCE : gestion de la politique monétaire pendant la pandémie de COVID-19, lancement de la révision stratégique de la BCE, accent mis sur les risques climatiques et préparation à l’introduction éventuelle de l’euro numérique.
- Récompenses et distinctions : elle figure régulièrement en tête des classements des femmes les plus influentes au monde (par exemple, le magazine Forbes).